Du 26 au 30 mai 2014, deux de nos ambassadeurs rugby, Pierre Rabadan (Stade Français) et Salim Tebani (US Oyonnax), se sont rendus au Burundi, auprès de nos équipes. Ils y ont participé à la formation de nos animateurs locaux à la pratique du rugby, sport qui leur était jusque là inconnu.
Nous vous proposons de vous immerger en histoires et en photos dans leur séjour auprès des populations locales.
Sur les rives du lac Tanganyika, près de Bujumbura, on entend quelques cris et beaucoup de rires. Nous sommes le lundi 26 mai. Le matin même, Pierre Rabadan et Salim Tebani, nos ambassadeurs rugby de luxe, ont posé le pied sur le sol africain. Leur mission : introduire le rugby dans les camps de déplacés de Buterere. Mais pour en arriver là, une première étape, obligatoire : former les animateurs burundais aux bases de l'ovalie. Sur le sable brûlant, le tee-shirt orange et noir de SSF sur les épaules, ils sont une trentaine à être venus relever le défi. Au menu : passes vrillées, mêlées et touches. L'ambiance est au beau fixe : on finit par une photo de groupe.
De retour au siège de PLAY International à Bujumbura, on s'hydrate avant de s'atteler à la prochaine tâche : créer un jeu à visée éducative, inspiré des principes du rugby. Nos deux ambassadeurs découvrent la « Playdagogie », ou comment faire de la prévention de manière ludique. Le partage d'expérience est dans les deux sens : cette fois-ci, ce sont nos deux rugbymen qui écoutent attentivement. On s'accorde sur la thématique « Genres : Connaître les différentes formes de discrimination et ses effets ». « Ils ont été impressionnés, ça c'est sûr, sourit Caroline Therrien, chef de mission PLAY International à Bujumbura depuis 2 ans et demi. Je pense qu'ils ne s'attendaient pas à ce qu'on se serve du rugby pour sensibiliser sur de tels sujets. » Une fois le jeu créé, direction Buterere pour une mise en pratique avec les enfants.
Des camps de réfugiés y ont été érigés à la suite des inondations meurtrières qui ont touché les communes au nord de Bujumbura, en février dernier. Dans la nuit du 09 au 10 février, 68 personnes sont décédées, emportées par les pluies diluviennes et les coulées de boue. Près de 12 000 personnes ont également été affectées, et on a dû dresser des camps afin d'accueillir ceux qui avaient tout perdu. Dans l'un des camps de Buterere, on compte une centaine d'enfants, qui ne savent plus quoi faire de leurs journées. « Les enfants sont un très bon public : ils sont toujours très disciplinés, écoutent bien les consignes,nous précise Caroline Therrien. Il n'y a jamais eu le moindre problème dans ce camp. Ils attendent les activités sportives avec impatience car elles leur permettent de rencontrer du monde de l'extérieur et de jouer comme tous les autres enfants. » Présent dans le pays depuis 2008, PLAY International, soutenu par l'UNICEF, a mis en place des activités socio-sportives afin d'animer leur quotidien, de les faire participer à la vie sociale des camps et apprendre en s'amusant. 28 000 enfants ont pu bénéficier de ces programmes, en 2013.
Les animateurs expliquent l'importance de l'échauffement. Salim se prend au jeu. Au milieu des enfants, l'international algérien sautille comme tout le monde. Des curieux se sont approchés pour voir ce drôle de sport où le ballon n'est pas rond. La tignasse brune de Pierre devient très vite l'attraction du moment. Après ces premiers instants de rencontre, les enfants démarrent le jeu, avec sérieux et envie. On surprend même des tentatives de raffuts. De leur côté, ceux qui ne jouent pas regardent avec insistance la caméra de Manuel Herrero, venu accompagner nos deux sportifs pour un reportage des Nouveaux Explorateurs (diffusé en novembre sur Canal+). Ils demandent à être pris en photos.
Après plusieurs heures d'activités, nos deux rugbymen, épuisés par la chaleur, sont surpris de l'endurance des enfants. D'autant plus que la plupart jouent pieds nus, alors qu'eux sont en tennis. Pierre avait pourtant déjà épaulé des volontaires PLAY International, lors de précédentes missions au Kosovo. « C'est la première fois de ma vie que je me retrouve dans un milieu aussi pauvre... », nous explique t-il. De son côté, Salim paraît très ému. « Ca me touche, quelque part ça me fait penser à mon Algérie... Moi aussi j'ai des enfants. Je pense énormément à eux là, lâche t-il. C'est une belle leçon de vie, un truc qu'on gardera pour toujours ». Plus tard, on croise Pierre avec un tambour sur la tête. Béatrice Avignon, elle-aussi du voyage, immortalise ces instants. Ses photos serviront également à l'article de cinq pages qu'elle est en train de rédiger pour L'Equipe Magazine et qui sortira le 19 juillet prochain. « On passe des moments intenses », sourit Pierre. Le troisième ligne du Stade Français profite de ces quelques heures qui le séparent du retour en France. Il photographie un hippopotame. De son côté, Béatrice Avignon tweete : « Le Burundi, c'est ça aussi. ».
Nous tenons à remercier Pierre Rabadan et Salim Tebani d'avoir accepté la mission que nous leur avons proposée.
Merci également à Béatrice Avignon et Manuel Herrero d'avoir couvert les déplacements de nos ambassadeurs.
Nous remercions notre partenaire stratégique le Conseil régional des Pays-de-la-Loire et l'UNICEF de leur soutien, ainsi que l'Ambassade de France au Burundi qui a grandement facilité la tenue de cette mission.