En octobre 2019, en partenariat avec l’Agence Française de Développement (AFD), PLAY International a lancé le projet Ejo (« Demain » en Kirundi), initiative d’éducation par le sport pour le bénéfice de 80 000 enfants dont 32 000 filles, dans 4 pays (Burundi, Kosovo, Libéria et Sénégal).
L’objectif étant de rendre accessible une éducation de qualité (Objectif du Développement Durable n°4) pour les publics les plus vulnérables. Voici un premier bilan après deux ans d’activités.
Dans de nombreux pays, l’entrée tardive à l’école ainsi que le fort taux de déscolarisation compromettent la qualité d’une éducation pourtant indispensable au développement des enfants. L’efficacité de l’éducation y est également amoindrie par un environnement souvent inadapté : classes surchargées, temps d’instruction limité, climat social détérioré ou encore outils pédagogiques inadaptés. Le projet Ejo, qui prendra fin en mars 2023, entend répondre à ces problématiques en utilisant le jeu sportif comme outil auprès des publics les plus vulnérables comme les filles, les enfants en situation de handicap ou les minorités communautaires. Et cette mission ne peut se faire sans la mobilisation des acteurs des milieux scolaire (formel) et extra-scolaire (informel) et par conséquent en créant des passerelles entre les deux.
Après 2 ans, où en est le projet ?
Le projet a vocation à remplir trois objectifs :
1. Renforcer l’éducation des enfants par le développement d’activités socio-sportives dans le milieu extrascolaire
2. Favoriser une école inclusive par la sensibilisation du corps enseignant et des enfants à l’importance de la scolarisation et de la lutte contre les comportements discriminants
3. Faire émerger une dynamique collective à un écosystème d'acteurs institutionnels, communautaires, associatifs, œuvrant pour une éducation inclusive et une scolarisation réussie
En octobre dernier, soit à mi-parcours du projet, on s’aperçoit que les objectifs sont en bonne voie de progression. PLAY International a comptabilisé :
- 18 216 sur 80 000 enfants et adolescents bénéficiaires dont 45% de filles
- 762 sur 1 000 professionnels éducatifs formés et mobilisés dont 43% de femmes
- 92 sur 140 séances de Playdagogie, Playdagogie-skill et jeux 100% coopératifs cocréées et adaptées
On constate que sur le premier objectif, Ejo n’est qu’à 22,8%. Cela s’explique par l’impact de la pandémie mondiale Covid-19 qui a commencé seulement 5 mois après le lancement d’Ejo. Par exemple, au Libéria, le programme qui devait démarrer courant mars 2020 et a finalement été repoussé à mai 2020. Au Burundi, au Kosovo et au Libéria où la pratique du télétravail était jusqu’alors non-utilisée au sein des ministères, le programme a rencontré de réelles difficultés à assurer un ancrage institutionnel, et ce de façon très forte en milieu scolaire (éducation formelle). De plus, les restrictions sanitaires ont largement compliqué l’accès aux écoles et donc à la mise en œuvre d’activités avec les élèves.
Une approche partenariale
Le projet Ejo s’inscrit dans l’idée que la réponse aux défis de nos sociétés est celle d’un écosystème d’acteurs et non d’une organisation unique, d’où la mise en place de dispositifs partenariaux d’accompagnement et d’incubation.
L’incubateur d’Afrique de l’Ouest, basé à Dakar, en est la parfaite illustration. Il soutient le développement de programmes d'éducation par le sport émanant de la société civile, notamment via le renforcement et la structuration de 5 projets associatifs sélectionnés : Visions Mêlées, La Balle aux prisonniers, Livr'aison, Denro et Terres en mêlée. Ces 5 organisations de la société civile (OSC) basées en Côte d'Ivoire, au Burkina Faso et au Togo ont pour objectifs : la sensibilisation à l'égalité des genres, la promotion d'une culture de paix, l'autonomisation des jeunes filles ou encore la réinsertion sociale de mineurs incarcérés. L’incubateur d’OSC ne se limite pas à les former sur des outils pédagogiques, il les accompagne également et surtout sur la gestion de projet, la recherche de financement, la mise en place d’une stratégie de communication, etc.
Au Sénégal les deux organisations partenaires, Futur Au Présent (FAP) et Association de Solidarité Sportive Culturelle et Artistique Nationale (ASSCAN), en plus de bénéficier d’un accompagnement pédagogique et structurel (pour ASSCAN uniquement) sont au cœur du plan de déploiement, avec une partie de leurs équipes directement prises en charge par le projet.
Au Burundi, les partenaires locaux ont pu, au contact de PLAY, se renforcer à l’utilisation du sport comme outil pédagogique. L’Association pour la Promotion de la Fille Burundaise (APFB) et l’Association des animateurs socio-sportifs pour la Promotion des Droits de l’Enfant (ASSOPRODE) ont été renforcés sur des compétences administratives et financières ainsi que sur des techniques d’animation de séances de socio-sport et d’animation de formation.
La Fédération Nationale des Associations engagées dans le Domaine de l'Enfance au Burundi (FENADEB), forte de sa légitimité et de son expertise dans le domaine de la protection de l’enfance, appuie PLAY au niveau de la formation à l’identification de cas de vulnérabilité et élabore avec PLAY la procédure standard opérationnelle.
Au Kosovo, le partenariat avec The Ideas Partnership (TIP) a été fructueux et a abouti non seulement au renforcement des capacités du personnel de leurs 5 centres d'apprentissage mais aussi à l'amélioration de leurs programmes d'enseignement (via intégration de l’outil socio-sportif à leur curriculum), ce qui devrait les appuyer dans l'une des trois conditions nécessaires à l'enregistrement officiel auprès du Ministère de l’Éducation, des Sciences, de la Technologie et de l’Innovation (MESTI) en tant qu’agence accréditée des centres d’apprentissage.
Au Libéria enfin, contrairement aux 3 pays, PLAY ne dispose pas d’un bureau local. PLAY bénéficie de l’ancrage de Mercy Corps pour se positionner comme acteur spécialiste d’un outil, le socio-sport, et en co-construisant quotidiennement le modèle opératoire du projet Ejo.
Parce-que demain commence maintenant
PLAY International va poursuivre ses actions dans le cadre du projet Ejo en :
- renforçant ses partenariats existants et en développant de nouveaux
- élargissant ses zones d’intervention dans les 4 pays afin de toucher davantage d’enfants et adolescents
- innovant avec la création de nouveaux outils pédagogiques
Les méthodes d’éducation innovantes permettent de susciter un appétit pour l’apprentissage et de créer une façon d’apprendre très différente et impactante.