En partenariat avec la Fédération Française de Basket-ball et le Laboratoire sur les Vulnérabilités et l’Innovation dans le Sport (LVIS) de l’Université Lyon1, PLAY International a mis en place le projet « Pratique en mixité du basket-ball 3*3 » basé sur la Recherche-Action. Celui-ci s’est déroulé de janvier à juin 2022 avec pour objectif de favoriser la pratique régulière du sport chez les jeunes ainsi que l’inclusion des filles dans la pratique sportive grâce à des séances conçues pour les jeunes de 12 à 16 ans.
Le projet « Pratiques en mixité » qui a débuté en décembre 2019, a impliqué une douzaine de structures, tous acteurs du sport et de l’éducation par le sport parmi lesquelles des associations, des fédérations, des clubs sportifs, un laboratoire universitaire ou encore une fondation. Cette diversité d’acteurs a permis d’initier une réflexion collective riche et stimulante autour de la cohabitation entre filles et garçons dans la pratique sportive. Il a permis d’identifier l’état des lieux des connaissances scientifiques et les principaux enjeux autour de la mixité dans la pratique sportive.
C’est dans ce cadre qu’un naît le partenariat avec LVIS qui est spécialisé sur les questions de genre par un processus de « Recherche-Action » dans le sport. Ensemble, PLAY et LVIS ont contribué à la création de deux pratiques mixtes :
- "basket en mixité" : une adaptation d’une pratique sportive traditionnelle pour favoriser la mixité
- "Tic-Tac Ball" : une activité basée sur le jeu sportif
Cependant pour que ces pratiques puissent être mises en place, il a fallu former des intervenants et les sensibiliser à cette thématique. C’est auprès d’intervenants issus de la Fédération Française de Basket-Ball (3 clubs : Montrouge, Arcueil et Phoenix Academy) que le projet a pu se développer. Ce partenariat représente une opportunité pour PLAY International de former des intervenants à plus grande échelle et au sein d’une fédération.
Un projet en 5 étapes
Temps 1 – Entretiens individuels (janvier-février)
Des entretiens individuels ont été organisés auprès de chaque entraineurs·se. Ils ont permis d’identifier les représentations faites par les entraineurs·ses sur la pratique du basket en mixité, avant la mise en place d'un dispositif de formation.
Temps 2 – Observations de séances de basket en mixité (février)
L’objectif était d’analyser les postures et interactions des entraineurs·ses au cours d’un tournoi de basket 3*3 mixte organisé par le club Arcueil le 20 février. Les observations ont été réalisées sans grille d’observation, mais avec une prise vidéo et une prise de notes. Ces analyses se basent sur le type de consignes transmises aux jeunes, le type d'aménagement des exercices, les conditions de mixité des équipes et de nombreux autres critères similaires.
Temps 3 – Formation 1 grille « bonnes pratiques » (février)
S’en est suivi un temps d’échanges sur les difficultés que les entraineurs·ses ont pu rencontrer au cours des séances ainsi qu’une formation dont le but était de mettre en place des indicateurs de « bonnes pratiques » grâce au dialogue et aux expériences de chacun.
Les objectifs de la grille des « bonnes pratiques » étaient d’aider les intervenant·es à avoir des repères sur :
1. les rapports de pouvoir entre les filles et les garçons : monopolisation de la balle, des tirs, des interactions avec l’éducateur/trice, moqueries et autres propos stigmatisants, différenciation des rôles (arbitre, capitaine),
2. sur leurs attentes pédagogiques envers les filles et les garçons, afin d’éviter la mise en place systématique d’un fonctionnement de différentiation des contenus et/ou des règles, laissant supposer que les filles seraient moins aptes que les garçons à acquérir des compétences dans la pratique.
L’action de formation leur a permis de comprendre l’impact des socialisations de genre sur les comportements des filles et des garçons.
Temps 4 - Nouvelles observations de séances de basket en mixité (mars-avril)
De nouvelles observations de séances ont été réalisées dans le but d’identifier les changements de pratique des entraineurs·ses après les échanges et la formation des « bonnes pratiques ».
Des améliorations ont pu être constatées dans la posture des intervenant.es :
- ils répondaient de manière équilibrée aux sollicitations des filles et des garçons
- ils n’ont pas mis en place de règles adaptées en fonction de la catégorie de sexe
- les équipes composées lors de entrainements ont toujours été mixtes
- lors des entrainements, les joueur·ses se sont auto-arbitré·es, aucune différence n’a été observé·e sur les actions des filles et des garçons
- les démonstrations des exercices, des situations de jeu ont été réalisées de façon équilibrée entre les filles et les garçons.
Néanmoins dans l’énoncé des consignes, nous avons aussi constaté que les entraineur·ses utilisaient souvent le « masculin » : « le joueur », « un attaquant », « un défenseur », même quand il y avait plus de filles. Les consignes sont rarement inclusives. Les appellations familières, type « mademoiselle », « bonhomme », « ma puce », « mec » ont aussi été utilisées alors que l’objectif était d’utiliser le plus souvent possible le prénom, plutôt que d’appeler les personnes en faisant référence à son sexe. Les intervenant·es ont justifié cet usage par la proximité qu’ils et elles ont avec les joueur·ses.
Temps 5 – Formation 2 « retour sur la pratique » (mai)
Cette phase du projet s’est conclue par des entretiens avec chaque entraineur·se au cours desquels ils ont reçu des retours individualisés sur leurs pratiques pédagogiques. Les entraineurs·ses ont tous exprimé leur souhait de voir les activités et sports mixtes développer dans le futur.
Bilan à la commission FFBB Société & Mixités
A la suite de ces différents temps de recherche-action on constate que les entraineurs·ses qui se sont engagés dans cette pratique ont gagné en efficacité pédagogique dans la gestion de la pratique en mixité au basket 3*3 et manifestent des comportements et interactions plus inclusives qu’auparavant.
Le prochain objectif à mettre en place serait de donner aux jeunes des outils pour les sensibiliser et limiter la reproduction du système de genre au sein de leurs propres interactions.
rapport Lvis "la pratique en mixité dans le milieu sportif fédéral : une opportunité à saisir ?"