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Bien utiliser les écrans, un jeu d'enfant

Mardi 28 avril 2020
#France
#playdagogie

L’utilisation des écrans est un sujet d’actualité dans une société de plus en plus connectée où les outils et les usages ne cessent de se développer à grande vitesse. La présence des écrans en milieu scolaire croît également, notamment avec la distribution de tablettes dans certains établissements, l’exploitation pédagogique de l’outil informatique ou le partage d’informations via Internet entre les enseignants et les élèves. Une utilisation excessive des écrans peut avoir des effets délétères sur la scolarité, le bien-être, le comportement et les relations avec les autres. Toutefois, ils peuvent aussi être de formidables outils permettant aux enfants de développer d’autres formes d’apprentissage et un accès aux savoirs très large. 

 

lire la revue de presse "les medias en parlent"

 

Face à ce constat, PLAY International, avec le soutien de la Fondation « Laureus Sport for Good » et en partenariat avec le Ministère de l’Education nationale,  l’association  3-6-9-12, la MILDECA et l’USEP 69, a co-construit un projet Pilote "Bien Utiliser Les Ecrans" (BULE)L'objectif de cette séquence de 6 jeux sportifs est de sensibiliser les élèves de Cycle 3 à mieux comprendre les risques liés à la surexposition des écrans. Le but n’étant pas de diaboliser les écrans mais d’aider les élèves à favoriser une bonne utilisation de ces derniers.

 

Ce projet a été présenté lors d’une conférence petit déjeuner UP Pro, le Jeudi 6 février 2020 au Café Fluctuat Nec Mergitur (Paris 11) en présence de :

 

- Serge Tisseron, Psychiatre, membre de l’Académie des Technologies, auteur et docteur en psychologie ;

 

- Amandine Thibert, Professeure des écoles, participante au programme Playdagogie

 

- Olivier Masson-Halimi, Chargé de mission pratiques numériques à la Mission interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives.

 

 

 

 

Interviews

 

Serge Tisseron, membre de l’Académie des Technologies et docteur en psychologie, spécialiste des usages des écrans depuis les années 1990, nous apporte son regard d’expert. Avec des membres de l’association 3-6-9-12 qu’il a fondée pour sensibiliser à l’usage des écrans, il a participé à la co-création d’un kit pédagogique initié par l’ONG PLAY, basé sur les méthodes de Playdagogie.

 

Dans cette co-création de séances pédagogiques, Amandine Thibert, professeure des écoles en zones REP et REP+ en région Bourgogne-Franche-Comté, a également apporté sa précieuse expérience de terrain. Dès 2014, elle s’est intéressée au sport et au jeu comme outils pour renouveler notamment sa manière d’enseigner l’éducation civique et morale.

 

Tous deux ont accepté de répondre à nos questions pour mieux comprendre l’intérêt de cette méthode basée sur le jeu sportif et l’échange. Ils nous proposent des pistes pour que les enfants puissent adopter une attitude raisonnée dans leur utilisation quotidienne des écrans.

 

Entretien Serge Tisseron

Vous êtes expert de la thématique de l’utilisation des écrans ; pourriez-vous nous parler des risques sanitaires liés à cette pratique ? particulièrement pour les enfants et les adolescents ?

S.T. : Les inquiétudes autour des écrans sont passées par plusieurs phases. Dans les années 1990, personne ne s’en inquiétait. Mes premières conférences sur le sujet réunissaient cinq personnes !  

Ensuite, l’inquiétude est venue autour des adolescents avec les jeux vidéo qui se sont développés dans les années 2000. Il y avait beaucoup d’études sur les conséquences ; le propos était : « ces ados qui passent beaucoup de temps sur les jeux vidéos, ils ne pourront jamais travailler pour un patron. » Ce sont des inquiétudes qui font rire aujourd’hui quand on voit ce que sont devenus les Millenials ! Il y avait beaucoup d’alertes sur les contenus violents des jeux vidéo. 

Il y a quelques années, on s’est aperçu que le temps passé par les très jeunes enfants devant les écrans augmentait de plus en plus et les empêchait de développer d’autres activités. Avant l’âge de 3 ans, il est primordial d’éloigner les enfants des écrans et de leur proposer des activités qui font appel au sensoriel, à l’expérience physique.  

Depuis 2018, on s’aperçoit que même si le jeune enfant n’est pas mis devant les écrans, le fait que ses parents utilisent un smartphone tout en parlant avec lui produit des troubles du développement et de la socialisation chez l’enfant. 

 

découvrir l'intégralité de l'iNTERVIEW de SERGE TISSERON 

 

 

Entretien Amandine Thibert

Amandine Thibert - Photo portrait

 

Pensez-vous que ce soit le rôle de l’institution scolaire d’apprendre aux enfants à utiliser les écrans avec modération ?

A.T. : Pourquoi est-ce que ça ne le serait pas ? On s’en sert à l’école. Comme c’est un outil qu’on utilise avec eux, on doit leur apprendre à s’en servir. C’est aussi un réel besoin, car on est exposé aux écrans partout : à l’école, à la maison, dans la rue ; de façon individuelle, de façon collective…

Notre rôle, en tant qu’enseignants, c’est d’apprendre aux enfants à être leurs propres garde-fous. L’usage des écrans fait partie du parcours citoyen à leur dispenser et entre également dans l’éducation à la santé. C’est totalement cohérent avec ce que l’on nous demande. Dans les programmes, on nous demande d’éduquer les enfants aux écrans, aux dangers d’Internet, à préserver ses données, à vérifier une information. Cela a donc totalement sa place dans notre système éducatif.

 

Comment s’est déroulée votre participation à la co-création du kit-pédagogique élaboré par/avec PLAY ? Quelle a été votre implication dans le processus ?

A.T. : Mes premiers pas dans la Playdagogie sont partis d’un souci que je rencontrais dans ma façon d’enseigner l’éducation civique et morale. Je trouvais que donner des notions aux enfants sur l’inclusion, le handicap à travers des fiches, aussi bien construites soient-elles, ça ne laissait pas de traces l’année d’après. Les élèves n’étaient pas assez impliqués dans le thème. J’ai cherché un outil qui me permettrait d’enseigner différemment et je suis tombé, au fil de mes recherches, sur la Playdagogie. Avec mes collègues, nous avons décidé, à l’échelle de l’école, de contacter PLAY pour obtenir des kits de jeux sportifs. 

Nous avions de gros problèmes de violences dans l’école ; on a donc choisi de mettre en place ces activités sportives dans le cadre des APC (Activités Pédagogiques Complémentaires). Après avoir mis en place ces dispositifs, on a amélioré notre climat scolaire. Les enfants sont devenus capables de reconnaître les situations de violence et de demander l’aide d’un adulte. On a donc vraiment vu une amélioration sensible.

 

découvrir l'intégralité de l'iNTERVIEW d'AMANDINE ThIBeRT

 

Le kit BULE contenant 6 séances Playdagogie ainsi que l'évaluation de ce programme Pilote seront accessibles en ligne sur le site de PLAY International à la rentrée scolaire 2020-2021.

 

Contact Projet :

David Gouju - Chargé de mission Grand Sud

06.44.29.76.77 / david.gouju@play-international.org

 

Contact Presse :

Antoine Biard – Responsable de la communication

06.82.22.27.73 / antoine.biard@play-international.org

 

Propos recueillis par Mathieu Ménard. 

Crédit photos : Mathieu Ménard 

https://www.mathieumenard.fr